LA VIGNE ET LE VIGNERON
Quand au cœur de l’automne apparaît la froidure
Et que le mistral souffle empreint de démesure,
Il n’est pas loin le temps où la vigne vermeille
Durant de si longs mois se repose et sommeille…
Dépouillée de ses feuilles emportées par le vent,
Patiemment, avec foi, ses très nombreux sarments
Sont alors façonnés d’une coupe aux ciseaux,
Qu’une main vigneronne accomplit en biseau.
Bravant les éléments de l’hiver rigoureux
Le brouillard et la pluie et le froid vigoureux,
Il ne faut oublier aucun cep, aucun rang
De ce mois de novembre au début du printemps !
Quand reviennent un matin les belles hirondelles
Dans le ciel provençal tournoyant de leurs ailes,
La vigne se réveille et ses frêles bourgeons
Retrouvant la lumière redeviennent féconds.
Ce joli mois d’avril révèle ses nuances
Et la vive couleur de son vert si intense
Emerveille les yeux et oppresse le cœur,
En ces jours où le gel peut surgir par malheur !
Lorsqu’arrivent enfin les premiers jours de mai,
Sonne l’heure cruciale où il faut désormais
Avec force et amour retravailler la terre,
Eclairé du savoir hérité de nos pères.
Tour à tour labourer, épamprer, sulfater,
Puis ensuite écimer et tout recommencer,
Durant des jours entiers, chacun fait son devoir
Sans ménager la peine offerte à nos terroirs !
De ces soins prodigués, la vigne peu à peu
Retrouve sa splendeur et ses fruits généreux
Mûrissant en son sein l’espace d’un été
Promettent d’apporter à chacun la gaieté.
Puis viennent les vendanges où les grappes cueillies
En ces heures d’efforts et de grande euphorie
Dévoilent pleinement leur intime secret
A nos maîtres de chais, initiés et discrets.
Et les jus libérés de ces grains savoureux
Donneront très bientôt de grands vins somptueux,
Les Côtes du Rhône, délectables breuvages,
Embrasant l’amitié en traversant les âges !!!
© Andéol POMMIER Chancelier de la Commanderie